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Aérodrome communal de MONTLUÇON - DOMÉRAT (Allier)

La ville de Montluçon avait en 1905 donné au ministère de la Guerre l'usufruit d'un terrain de 25 ha (aplat vert sur la carte) dont elle était propriétaire à Villars, sur le territoire de la commune voisine de Domérat, afin qu'y fût établi un champ de manœuvres.

Utilisé très occasionnellement par des pilotes militaires de passage, le Camp de Villars le fut surtout, à partir de 1930, par le très actif Aéro-club de l'Allier qui y fut d'autant plus facilement autorisé par l'autorité militaire que l'effectif des troupes stationnées à Montluçon ne justifiait plus qu'y fût maintenu un champ de manœuvres.

Ce même argument conduisit la ville de Montluçon à entamer une démarche en vue du rachat de l'usufruit qu'elle avait en d'autres circonstances accordé. Cette action n'aboutira qu'en mai 1935. Entre temps, l'aéro-club apporta un certain nombre d'améliorations au terrain. Il entreprit même, avec une subvention de l'État et l'aide de la chambre de commerce de Montluçon – qui mit à sa disposition une surface de terrains de 4 ha en bordure du champ de manœuvres - l'édification de hangars pour avions qui seront par la suite déplacés.

Ainsi, l'utilisation de fait du terrain de Villars comme aérodrome remonte-t-elle à 1932-33, époque au cours de laquelle il apparut pudiquement dans le Bulletin de la Navigation Aérienne comme étant en cours d'agrément.

Délivrée en août 1936, l'autorisation administrative prévue par la loi du 31 mai 1924 ne fut toutefois pas donnée à l'aéro-club mais à la ville de Montluçon lorsque cette dernière eut finalement recouvré l'usufruit de son terrain.

Accrue dès lors par le fonctionnement d'une section d'aviation populaire et l'arrivée d'un second aéro-club, l'activité de l'aérodrome conduisit la ville de Montluçon à soumettre au ministère de l'Air un projet d'extension de 16 ha vers l'ouest et le sud-ouest (aplat orangé sur le plan). Cette extension permettait d'accroître les lignes d'envol de 500 et 700 m à 850 et 950 m au prix du détournement d'un chemin vicinal sur 600 m environ et du comblement de deux carrières.

Approuvé par le ministre de l'Air en août 1937, ce projet donna lieu en octobre à la signature d'une convention entre la ville et l'État aux termes de laquelle ce dernier subventionnerait l'opération pour environ un tiers de son estimation.

Sur la proposition du ministre de l'Intérieur, qui n'était autre alors que le député-maire de Montluçon, les travaux à entreprendre par la ville furent déclarés d'utilité publique par décret présidentiel du 15 novembre 1937 modifié le 23 novembre pour une omission dans sa rédaction.

S'appuyant sur un décret-loi du 7 septembre 1936, qui rendait applicable aux grands travaux contre le chômage la procédure d'expropriation instituée pour les travaux militaires par les décrets-lois du 30 octobre 1935, ce double décret autorisait le maire de Montluçon à procéder à l'expropriation des terrains concernés par le projet.

Cette autorisation donnée au maire constitua le motif principal du pourvoi en Conseil d'État requis par plusieurs propriétaires, qui estimaient qu'il n'était pas investi du droit d'exproprier des terrains situés en dehors du territoire de sa commune.

Aucun des propriétaires touchés par ces acquisitions n'ayant accepté l'offre qui lui fut présentée, l'expropriation de la totalité des terrains couverts par le projet d'extension fut prononcée, le 8 février 1938, par ordonnance du président du tribunal civil de Montluçon.

Cette ordonnance fut à son tour attaquée, par voie cette fois d'un recours en cassation. Se rattachant à la déclaration d'utilité publique, les motifs invoqués relevaient du domaine administratif et ne pouvaient, par suite, être pris en considération par la cour suprême tant que le Conseil d'État ne se serait pas prononcé à leur sujet.

Ayant, quant à eux, acquis par l'ordonnance la force de la chose jugée, les transferts de propriété n'étaient pas susceptibles d'être annulés par le Conseil d'État. Bien que doublement mise en cause, l'extension de l'aérodrome n'était donc aucunement menacée.

Aussi active que l'avait été, dans l'autre sens, l'Aéro-club de l'Allier, l'association syndicale des riverains de l'aérodrome ne désarmera pas pour autant lorsque, par arrêt du 26 novembre 1943, le Conseil d'État rejettera la requête en annulation des deux décrets déclaratifs d'utilité publique.

Au-delà du combat mené par les propriétaires, cette association mit en cause l'aptitude du site à accueillir un aérodrome. Elle fut aidée dans sa démonstration par plusieurs accidents intervenus à l'atterrissage mais aussi et surtout par l'abandon, auquel le ministre de l'Air dut se résoudre en 1938, de sa décision de créer un Groupe aérien régional à Montluçon, décision à laquelle fut peu glorieusement substituée celle d'y établir une annexe de l'Entrepôt d'aérostation de Chalais-Meudon.

Ainsi est-ce pour accueillir une unité d'aérostiers que l'aérodrome – de même que quelques parcelles (aplats bleus sur le plan) au-delà de sa limite d'emprise fut réquisitionné en  octobre 1939.

Après l'Armistice, diverses formations de l'Armée de Terre furent, de même qu'un camp de réfugiés, momentanément autorisés par le secrétaire d'État à l'Aviation à occuper certains îlots de l'aérodrome dont la réquisition fut formellement levée en janvier 1942.

Le terrain de Domérat ayant été classé par la Commission d'armistice parmi ceux devant être conservés pour un usage aéronautique, sa remise en état, après la Libération, permettra qu'il figure sur la liste annexée à l'arrêté ministériel du 6 février 1947 des aérodromes publics ouverts à tous les appareils lents et légers.


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